Comprendre le calcul de l’amortissement dégressif pour faire décroître vos soucis comptables
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L’amortissement dégressif, ce mécanisme fiscal aussi mystérieux qu’attractif… vous en avez probablement déjà entendu parler.
« Il paraît que ça permet de payer moins d’impôts les premières années ! ».
Mais voilà, de là à savoir comment ça marche et surtout, comment en profiter sans se prendre les pieds dans le tapis… Car le dégressif a beau être alléchant sur le papier, sa mise en pratique se révèle parfois piégeuse.
Alors, avant de vous jeter dans la jungle des taux, des coefficients et des prorata, laissez-nous vous donner quelques clés pour explorer ce mécanisme et procéder au calcul de l’amortissement dégressif en toute sérénité.
Définition de l’amortissement dégressif : de quoi parle-t-on exactement ?
Qu’est-ce que l’amortissement dégressif ?
L’amortissement dégressif définit une méthode servant à déduire fiscalement une part plus importante de la valeur d’un bien lors des premiers exercices d’utilisation, puis de diminuer progressivement cette déduction les années suivantes.
Concrètement, on applique chaque année un taux constant à la valeur résiduelle comptable du bien.
💡 Pour rappel, on dit résiduel, car le montant = coût d’acquisition - amortissements déjà pratiqués.
On obtient ainsi des annuités dégressives, plus élevées en début de période, puis qui se réduisent au fil du temps.
Il s’agit d’une méthode particulièrement adaptée aux biens se dépréciant rapidement, ou frappés d’obsolescence. On pense, par exemple, aux équipements informatiques ou à certaines machines industrielles.
En amortissant une part plus importante les premières années, quand le bien est le plus performant, on fait coïncider la dépréciation fiscale et la dépréciation économique réelle.
En quoi l’amortissement dégressif se différencie-t-il de l’amortissement linéaire ?
Pour bien comprendre la logique de l’amortissement dégressif, il convient de le comparer avec la méthode linéaire, plus classique :
- L’amortissement linéaire répartit le coût du bien de manière égale sur toute sa durée d’utilisation. On obtient des annuités d’amortissement constantes, en divisant la base amortissable par le nombre d’années.
- À l’inverse, l’amortissement dégressif génère des dotations plus élevées les premières années, qui décroitront ensuite. On accélère la déduction fiscale en début de période.
👉 Exemple comparatif pour un bien de 10 000 € amorti sur 5 ans :
Année |
En mode linéaire |
En mode dégressif |
1 | 2 000 € | 4 000 € |
2 | 2 000 € | 2 400 € |
3 | 2 000 € | 1 440 € |
4 | 2 000 € | 1 440 € |
5 | 2 000 € | 720 € |
Total | 10 000 € | 10 000 € |
On voit bien qu’en dégressif, les dotations sont supérieures en début de période (4 000 € la première année), puis diminuent chaque année.
Dans quel cadre légal s’inscrit l’amortissement dégressif ?
L’amortissement dégressif est une option fiscale strictement encadrée par la loi. Et plus précisément, par l’article 39 A du Code général des impôts.
Cet article fixe les conditions à respecter pour pouvoir l’appliquer :
- Seuls les biens neufs acquis ou fabriqués par l’entreprise sont éligibles. Les biens d’occasion sont exclus, sauf s’ils ont fait l’objet d’une rénovation complète avant leur (re)mise en service.
- Ces biens doivent avoir une durée de vie normale supérieure à 3 ans (36 mois).
👉 Et surtout, il faut qu’ils appartiennent à l’une des catégories suivantes :
Catégories de biens éligibles à l’amortissement dégressif |
Matériels et outillages utilisés pour des opérations industrielles de fabrication, de transformation ou de transport |
Matériels de manutention |
Installations destinées à l’épuration des eaux et à l’assainissement de l’atmosphère |
Installations productrices de vapeur, chaleur ou énergie |
Matériels et outillages utilisés à des opérations de recherche scientifique ou technique |
Cette liste est limitative. De facto, on exclut les bâtiments, les voitures particulières et toutes les ressources non listées ci-dessus.
☝️ Il faut faire preuve de vigilance quant au respect de ces critères ! En cas de doute sur l’éligibilité d’un bien, mieux vaut demander conseil à un expert-comptable. Mieux, solliciter un rescrit fiscal auprès de l’administration.
Pourquoi choisir l’amortissement dégressif ? Les 4 principaux avantages
Si autant d’entreprises optent pour l’amortissement dégressif quand elles le peuvent, c’est qu’elles y trouvent leur compte fiscalement parlant.
En particulier, ce dispositif permet :
- d’imputer une part plus importante des dépenses d’investissement sur le résultat imposable des premiers exercices. Elles maximisent ainsi la déduction fiscale quand les bénéfices sont là. Particulièrement intéressant pour les sociétés en phase de croissance !
- de réduire plus rapidement la valeur nette comptable des biens, et donc la base taxable pour les impôts locaux, comme la cotisation foncière des entreprises (CFE). Normal, après tout, car moins de valeur résiduelle = moins d’impôts à payer chaque année.
- de faire coïncider la dépréciation fiscale et la dépréciation économique réelle des actifs à forte obsolescence. Certains biens comme le matériel informatique ou les machines de production voient leurs cours de marché fondre vite. En les amortissant rapidement, on suit cette perte de valeur.
- de reconstituer plus vite sa capacité d’autofinancement pour pouvoir réinvestir. Les dotations élevées en début de période dégagent des ressources. On peut financer d’autant mieux de nouveaux équipements.
Au final, l’amortissement dégressif se révèle un dispositif intéressant pour les entreprises qui investissent régulièrement dans des biens d’équipements. Il s’intègre parfaitement dans une stratégie de gestion dynamique des immobilisations.
Comment effectuer le calcul de l’amortissement dégressif ?
On dénombre plusieurs étapes dans la méthode de calcul de l’amortissement dégressif.
Le point de départ : on détermine d’abord le taux d’amortissement dégressif qui convient. Ensuite, on l’applique chaque année à la valeur résiduelle du bien (la base de calcul), jusqu’au basculement en linéaire.
Détaillons la méthode pas à pas. 🔎
Étape 1 : déterminez le taux d’amortissement dégressif
Pour calculer le taux d’amortissement dégressif, commencez par multiplier le taux d’amortissement linéaire par un coefficient fixé par la loi.
- Le taux linéaire est égal à 100 pourcent divisé par la durée normale d’utilisation du bien.
👉 Exemple : pour un bien utilisé sur 5 ans, le taux linéaire est de 100/5 = 20%. - Le coefficient dégressif est fixé en fonction de la durée d’utilisation du bien :
Durée d’utilisation | Coefficient |
3 ou 4 ans | 1,25 |
5 ou 6 ans | 1,75 |
> 6 ans | 2,25 |
Ce coefficient est majoré de 0,25 point si le bien est utilisé à un rythme au moins égal au double de la cadence normale (travail en double équipe) ou de 0,5 point en triple équipe.
Vous obtenez le taux dégressif en multipliant le taux linéaire et le coefficient :
👉 Exemple : pour un bien utilisé sur 5 ans, le taux dégressif est de 20 % x 1,75 = 35 %.
Étape 2 : appliquez le taux dégressif à la valeur résiduelle chaque année
Chaque année, appliquez le taux dégressif à la valeur nette comptable du bien en début d’exercice comptable. Pour rappel, la valeur nette comptable, ou VNC, = coût d’acquisition diminué des amortissements déjà pratiqués.
👉 Exemple : un bien acquis 100 000 € amorti au taux dégressif de 35%.
- Année 1 : valeur nette comptable = 100 000 €.
Annuité = 100 000 x 35 % = 35 000 €. - Année 2 : VNC = 100 000 - 35 000 = 65 000 €.
Annuité = 65 000 x 35 % = 22 750 €.
Et ainsi de suite chaque année, en appliquant le taux annuel de 35 % à la nouvelle VNC.
Étape 3 : basculez à l’amortissement linéaire le moment venu
Continuez en dégressif jusqu’à ce que la dotation dégressive devienne inférieure à la dotation linéaire.
Pour calculer cette dernière, divisez la valeur résiduelle par le nombre d’années restant à courir.
Déterminez le point de bascule chaque année.
👉 Exemple (suite) : au bout de 4 ans, la VNC s’élève à 15 698 € et il reste 1 an à amortir.
- Dotation dégressive : 15 698 x 35 % = 5 494 €.
- Dotation linéaire : 15 698 / 1 an = 15 698 €.
- On bascule donc en linéaire pour la dernière année.
Voilà, vous savez désormais calculer un amortissement dégressif dans les règles de l’art. Mais comme vous allez le voir, ce n’est pas toujours si simple en pratique !
💡 Conseil : pour simplifier le calcul de l’amortissement dégressif, on vous recommande de recourir à des logiciels spécialisés, capable d’optimiser de nombreuses opérations. On pense, par exemple, à Sage Active, une solution de gestion complète de votre facturation et comptabilité.
Sage facilite le calcul de l'amortissement dégressif en automatisant les écritures comptables à partir des flux bancaires et des documents clients, réduisant ainsi les erreurs et le temps consacré aux tâches manuelles. De plus, son assistant intelligent, Sage Copilot, analyse en temps réel les rapports financiers, fournissant une visibilité accrue sur les immobilisations et leurs amortissements.
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Sage Active
Amortissement dégressif : des exemples chiffrés pour mieux comprendre
Afin de bien assimiler le mécanisme de l’amortissement dégressif, rien ne vaut un bon exemple chiffré.
Alors prenons un cas concret et détaillons ensemble les calculs année après année, jusqu’au basculement en linéaire.
Supposons l’acquisition d’une machine industrielle pour 100 000 € le 1er janvier de l’année N. Sa durée normale d’utilisation est estimée à 10 ans.
- Le taux d’amortissement linéaire est donc de 10 % (100 / 10 ans).
- Le coefficient dégressif pour une durée de 10 ans s’élève à 2,25.
- On en déduit le taux dégressif : 10 % x 2,25 = 22,5 %.
On peut alors construire le tableau d’amortissement complet :
Année | Base amortissable | Calcul dotation | Annuité | VNC fin exercice | Dotation linéaire |
N | 100 000 € | 100 000 x 22,5 % | 22 500 € | 77 500 € | 10 000 € |
N+1 | 77 500 € | 77 500 x 22,5 % | 17 438 € | 60 062 € | 10 000 € |
N+2 | 60 062 € | 60 062 x 22,5 % | 13 514 € | 46 548 € | 10 000 € |
N+3 | 46 548 € | 46 548 x 22,5 % | 10 473 € | 36 075 € | 10 000 € |
N+4 | 36 075 € | 36 075 x 22,5 % | 8 117 € | 27 958 € | 10 000 € |
N+5 | 27 958 € | 27 958 x 22,5 % | 6 290 € | 21 668 € | 10 000 € |
N+6 | 21 668 € | 21 668 x 22,5 % | 4 875 € | 16 793 € | 10 000 € |
N+7 | 16 793 € | 16 793 x 22,5 % | 3 778 € | 13 015 € | 10 000 € |
N+8 | 13 015 € | - | 4 338 € | 8 677 € | 4 338 € |
N+9 | 8 677 € | - | 4 339 € | 4 338 € | 4 338 € |
N+10 | 4 338 € | - | 4 338 € | 0 | 4 338 € |
Total | 100 000 € |
Commentons ce tableau ligne par ligne :
- Les 7 premières années, l’annuité dégressive est supérieure à la dotation linéaire (10 000 €). On reste donc en dégressif et on déduit des montants importants.
- En N+7, l’annuité dégressive tombe à 3 778 €. L’année suivante (N+8), si on continuait en dégressif on aurait une dotation de 13 015 x 22,5 % = 2 928 €, inférieure à l’annuité linéaire de 4 338 € (= VNC de 13 015 € divisée par les 3 ans restants).
- On bascule donc en linéaire dès l’année N+8 et jusqu’à la fin, avec une dotation fixe de 4 338 €/an.
Sur l’ensemble de la période, les dotations dégressives s’élèvent à 86 985 €, soit 86,98 % de la valeur d’origine. C’est considérable et bien plus que les 70 000 € qu’on aurait déduits en linéaire sur la même période (10 000 € x 7 ans).
Le gain fiscal s’avère donc très important, surtout les premières années. En supposant un taux d’impôt sur les sociétés de 25 %, l’économie d’impôt grâce au dégressif est de :
- Année N : (22 500 - 10 000) x 25 % = 3 125 €.
- Année N+1 : (17 438 - 10 000) x 25 % = 1 859 €.
- Année N+2 : (13 514 - 10 000) x 25 % = 878 €.
Soit un total de 5 862 € d’impôts économisés sur les 3 premiers exercices grâce à l’amortissement dégressif. Autant de trésorerie dégagée pour l’entreprise !
Alors bien sûr, il importe de nuancer cet avantage : en linéaire, l’économie d’impôt se trouve simplement décalée dans le temps. En valeur absolue, sur toute la durée d’utilisation, on aura déduit le même montant (100 000 €).
Mais au-delà de la valeur absolue, c’est la valeur temps de l’argent qui fait la différence : une économie d’impôt aujourd’hui vaut plus qu’une économie dans 10 ans ! Et dans un contexte de taux d’intérêt bas, le différentiel devient encore plus significatif. 😉
C’est là tout l’intérêt de l’amortissement dégressif : accélérer la déduction fiscale sans en changer le montant total. Un effet de levier fiscal dont il faut savoir tirer parti !
Le calcul de l’amortissement dégressif en bref
Au terme de ce tour d’horizon complet, on mesure mieux à quel point le calcul de l’amortissement dégressif se révèle un formidable outil d’optimisation fiscale pour les entreprises qui investissent dans des biens d’équipement. En accélérant la déduction des amortissements, il permet de réduire significativement l’imposition les premières années et de regonfler sa trésorerie.
Mais on comprend aussi que sa technicité et les pièges à éviter en font un outil « expert » à manier avec précaution. Le piège du caractère « industriel » est un classique.
En effet, l’amortissement dégressif n’est autorisé que pour les biens affectés à des opérations industrielles. Mais qu’entend-on exactement par « industriel » ? C’est là que le bât blesse.
Prenons l’exemple d’une imprimerie qui investit 200 000 € dans une nouvelle presse numérique. Sur le papier, ça ressemble à une activité industrielle. La direction applique donc un amortissement dégressif au taux de 25 % (coefficient 2,25 pour une durée de 8 ans).
Mais lors d’un contrôle fiscal, l’administration requalifie l’activité en simple prestation de services et refuse l’amortissement dégressif. Résultat des courses :
- Réintégration fiscale de 200 000 x (25 % - 12,5 %) = 25 000 € par an pendant 8 ans.
- Soit un redressement total de 200 000 € et 50 000 € d’impôts rappelés (au taux de 20 %).
- Sans compter les pénalités et intérêts de retard…
Moralité : le caractère « industriel » d’une activité reste une question de fait, sujette à interprétation. En cas de doute, il faut savoir étayer sa position par une documentation solide. Et au besoin, solliciter un rescrit fiscal de sorte à sécuriser l’éligibilité du bien.

Maëlys De Santis, Growth Managing Editor, a débuté chez Appvizer en 2017 en tant que Copywriter & Content Manager. Sa carrière chez Appvizer se distingue par son expertise approfondie en stratégie et marketing de contenu, ainsi qu'en optimisation SEO. Titulaire d'un Master en Communication Interculturelle et Traduction de l'ISIT, Maëlys a également étudié les langues et l'anglais à l'University of Surrey. Maëlys a partagé son expertise dans des publications telles que Le Point et Digital CMO. Elle contribue à l'organisation de l'événement SaaS mondial, B2B Rocks, où elle a participé à la keynote d'ouverture en 2023 et 2024.
Une anecdote sur Maëlys ? Elle a une passion (pas si) secrète pour les chaussettes fantaisie, Noël, la pâtisserie et son chat Gary. 🐈⬛