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ERP de niveau 1, 2 et 3 : quelles différences ?

ERP de niveau 1, 2 et 3 : quelles différences ?

Par Nicolas Payette

Mis à jour le 14 octobre 2020, publié initialement le 17 novembre 2017

Dans le secteur des logiciels, et plus précisément dans le segment des ERP (Progiciels de Gestion Intégrés), les systèmes de classement des logiciels et de leurs éditeurs ont toujours existé. L'un des plus communs a été leur classification en niveaux de 1, 2 et 3 aussi désignés par leur traduction anglaise "tier 1, tier 2, tier 3".

Ce vaste programme de classification est probablement le système le plus souvent utilisé pour classer les offres de solutions ERP. Les grands éditeurs de niveau 1 se trouvent en haut de classement et les éditeurs de niveau inférieur (tiers 2 et tiers 3), souvent spécialisés ou récents, sont situés « en bas du classement ».

Au cours des dernières années, cependant, les changements sur le marché des solutions ERP (en raison de facteurs tels que la mondialisation et les avancées technologiques) montrent que l'ancienne façon de classer les systèmes ERP est remise en question et devient moins importante tant pour les éditeurs que pour les acheteurs de logiciels.

Dans cette publication, nous examinerons de plus près cette classification des solutions ERP en "niveaux" et la façon dont ce concept a changé au fil du temps avec des bouleversements sur le marché des logiciels et l'intégration de nouvelles technologies comme le Cloud.Comment faire la différence entre les niveaux d'ERP ?

L’attribution des niveaux des éditeurs de logiciels se base traditionnellement sur la taille de leurs clients et sur des facteurs financiers. La définition des niveaux technologiques varie légèrement d'une source à l'autre, mais la liste très courte des éditeurs ERP de niveau 1 est généralement assez facile à identifier. Les éditeurs de niveau 1 sont les « gros poissons » de l'industrie, ceux dont les noms sont les plus familiers dans les logiciels d'entreprise, à savoir SAP, Oracle et Microsoft.

Mais qu’est-ce qui explique que ces éditeurs de niveau 1 soient reconnus comme tels ?

Les critères de classification des ERP

Critère 1 : taille des clients et aspects financiers

La principale raison pour laquelle SAP et Oracle sont reconnus comme des étant des niveaux 1 est qu'ils servent de gros clients de « niveau 1 » avec des revenus importants, des opérations effectuées dans le monde entier et de grandes parts de marché, parmi d’autres critères financiers.

Les divisions en niveaux ont été traditionnellement corrélées à la taille du client et c’est pourquoi, jusqu'à récemment, les éditeurs de niveau 1 ont généralement eu pour clients de grandes entreprises internationales, tandis que les éditeurs de niveau 2 ont servi principalement des entreprises de taille moyenne, et les éditeurs de niveau 3 les entreprises les plus petites.

Critère 2 : scalabilité et complexité fonctionnelle

Une autre façon qui permettait autrefois de distinguer les niveaux consistait à examiner les différences fonctionnelles entre les offres et à voir comment cela influait sur la scalabilité. Les solutions de niveau 1 pouvaient traditionnellement mieux se développer que la plupart des solutions de niveau 2 en raison de l'ampleur des fonctionnalités nécessaires pour couvrir les grands besoins d’entreprises globales qui génèrent un grand nombre de transactions chaque jour.

Les solutions de niveau 1 fourniraient nécessairement une couverture fonctionnelle que les solutions de niveau 2 et 3 n’auraient pas, les progiciels de niveau 1 ayant été initialement conçus pour répondre à tous types d’exigence des grandes multinationales.

Toutefois, pour les entreprises non multinationales et de plus petite taille, la complexité de ces logiciels et de ces matériels était généralement inadapté à leurs besoins et pouvait ajouter un niveau inutile de complication aux processus simples. En raison de ce haut niveau de complexité, les ERP de niveau 1 ont souvent nécessité un matériel plus compliqué et des spécialistes de la technologie de l'information (IT) hautement qualifiés.

Comme conséquence inévitable de la différence de capacité d’expansion et de complexité entre les différents tiers, les prix ont toujours considérablement varié entre eux. Comme on pouvait s’y attendre, les solutions de niveau 1 sont habituellement plus chères que les solutions de niveau 2 qui sont elles-mêmes plus coûteuses que les solutions de niveau 3.

Critère 3 : service client international

Les différences de capacité d’action (présence mondiale de certains face l'implantation ocale pour d’autres) étaient autrefois une caractéristique distinctive supplémentaire entre les éditeurs : les tiers 1 étaient toujours plus susceptibles d'offrir leurs services partout dans le monde, alors que les tiers 2 étaient habituellement présents dans un nombre limité de pays ou de régions et que les tiers 3 n’étaient généralement présents qu’au niveau local et n’opéraient que dans un pays particulier.

Pourquoi cette classification n'est plus aussi pertinente qu'avant ?

Établir ces grandes divisions entre éditeurs peut être utile pour comprendre comment les produits des éditeurs d'ERP diffèrent selon l'échelle dans laquelle ils évoluent. Mais en réalité, la situation est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, et les limites entre les différents niveaux sont aujourd’hui très floues dans le domaine des logiciels et de la technologie. Pour expliquer ce phénomène, il faut regarder, d’une part, l'histoire et le développement des systèmes ERP (et de la technologie en général), et d’autre part, la façon dont les petites et moyennes entreprises ont mené leurs activités dans le commerce mondial lors des derniers bouleversements.

Au début, les tiers 1 se sont fait leur place sur le marché en répondant aux besoins de grandes organisations, de sorte que les ERP étaient à la base excessivement chers et donc abordables uniquement pour les grandes entreprises qui pouvaient dépenser des millions de dollars pour de tels outils. Les solutions des tiers 2 et 3 n'existaient même pas à cette époque. Elles ont vu le jour au cours des années qui ont suivi, à mesure que la technologie progressait, permettant ainsi que des entreprises plus petites puissent profiter des fonctionnalités des logiciels pour leur comptabilité ou pour d'autres process opérationnels. Mais les limites entre les niveau 1,2 et 3 étaient encore claires, et les vendeurs et les acheteurs savaient à quel niveau ils appartenaient.

Mais de nos jours, les conditions du marché ayant changé (à cause de la globalisation et du tassement des hiérarchies dans les entreprises), les critères originaux qui déterminaient la relation directe entre le niveau et la taille des entreprises ont presque totalement disparu.

Aujourd'hui, les besoins d'une petite entreprise sont souvent les mêmes que ceux d’une grande entreprise.

Les activités commerciales sont maintenant globales et même les petites entreprises ont souvent une portée internationale, de sorte que les besoins d'une petite entreprise sont souvent les mêmes que ceux d’une grande entreprise : usines et bureaux dans divers pays, multi-sites et capacités multilingues, accès facile à partir de n’importe où dans le monde, exigences de mobilité, besoins financiers au-delà des systèmes comptables, gestion du service-clients en temps réel et besoins d'analyse de données.

En conséquence, les tiers 1 ne voient pas seulement les opportunités de marché apparues ces dernières années avec des éditeurs plus petits, mais ils cherchent aussi sérieusement à se positionner sur des produits moins complexes destinés à des clients de plus petite taille, avec des versions spécialisées faites sur mesure pour les petites entreprises. Par exemple, de nombreux éditeurs de niveau 1 proposent désormais des versions simplifiées de leurs produits, pour des niches de marché ciblées, en créant des packages aux fonctionnalités limitées, tout en offrant plus de flexibilité en termes de prix, de maintenance et des frais d’assistance.

Dans le même temps, le segment beaucoup plus dense des éditeurs de niveau 2 a commencé à servir les entreprises de taille moyenne et cherche à pénétrer le marché haut de gamme grâce à des produits qui sont de plus en plus puissants, évolutifs et adaptés aux grandes entreprises. Cela a rendu encore plus difficile la distinction entre les éditeurs de niveau 1 et ceux de niveau 2.

Bien que ces solutions aient un peu moins de fonctionnalités, elles sont généralement plus souples, plus abordables, plus faciles à mettre en œuvre et plus conviviales ; et c’est ainsi qu’elles sont devenues une alternative aux solutions de niveau 1, même pour des entreprises plus grandes.
Un autre facteur à prendre en compte est qu'un grand nombre de éditeurs de niveau 2 et 3 sont des entreprises privées qui sont donc plus souples en affaires et moins dépendantes des résultats et bénéfices trimestriels. Bien que cela signifie moins d'indépendance financière, cela peut toutefois permettre, d’une part, une planification stratégique à long terme et un cycle de développement de logiciels plus rapide, avec des modifications de fonctions dont les clients ont besoin immédiatement, et d’autre part, des interactions plus étroites avec les clients, y compris une collaboration directe entre l’équipe de développement des logiciels du fournisseur et ses clients. Des relations aussi étroites (souvent personnelles d’ailleurs) sont également dues à un nombre plus réduit de clients, ce qui implique aussi un temps accru à consacrer à chacun d’entre eux.

Avec tous les changements qui se produisent actuellement dans le monde des affaires, où les écarts entre les niveaux concernant la taille des entreprises et leurs besoins en fonctionnalités se réduisent et le champ d’action des logiciels est de plus en plus élevé, il n'est pas surprenant qu'une petite entreprise puisse finir par adopter une solution d'un fournisseur ERP de niveau 1 comme elle le ferait d'un fournisseur de niveau 2 ou 3, ou qu’une grande entreprise finisse par mettre en place une solution spécifique vendu par un fournisseur de niche de niveau 3.

Existe-t-il des niveaux dans le Cloud ?

L'apparition du Cloud a eue un impact important sur le marché des logiciels d'entreprise. Récemment apparues et en évolution rapide, les initiatives en matière d’informatique en nuage et de logiciel en tant que service (SaaS software as a service en anglais) modifient l'ensemble du paysage de mise en œuvre des solutions ERP et, par conséquent, brouillent encore plus les limites entre les niveaux. L’extensibilité du logiciel n’est plus en théorie un problème grâce au déploiement en nuage, quel que soit le niveau auquel appartient votre mise en œuvre ERP.

Pour les éditeurs, le Cloud leur permet de proposer plus facilement leurs solutions à des entreprises de différentes tailles, car le déploiement en SaaS permet d'adapter les solutions à pratiquement toutes les tailles. Ainsi, une entreprise plus petite, avec des exigences qui dans le passé auraient été attribuées à une entreprise plus grande, peut être en mesure d'obtenir cette fonctionnalité à partir d'un fournisseur de niveau 1 sans payer le prix d'une solution d'un fournisseur de niveau 1, car le fournisseur peut ajuster le prix ainsi que la solution. Avant l'avènement du logiciel de nuage, cela n'était pas facilement possible, car les solutions étaient hébergées sur place et vendues comme unités qui n’évoluaient pas facilement.

Un autre facteur à considérer ici est que l'attitude à l’égard du Cloud a changé. Les entreprises s'habituent désormais de plus en plus à l'idée d'externaliser leurs données et leur capacité informatique et se sentent plus à l'aise avec le Cloud et ses spécificités, de sorte que leur appréhension envers le Cloud n’affecte pas leur intérêt pour les logiciels et qu’ils sont ainsi de plus en plus nombreux à adopter le Cloud à un rythme jamais observé auparavant.

Mais alors, le concept de « niveau » est-il toujours utile ?

Certainement, mais peut-être avec quelques réserves. Les niveaux, réels ou perçus, donne une idée approximative utile de la place du fournisseur sur le marché et des capacités de son logiciel. Mais ils ne sont vraiment utiles que pour déterminer le type de solution sur laquelle vous devriez vous concentrer quand vous commencez un processus de sélection de logiciel. Envisager de faire un choix basé sur un classement par niveau pourrait être une bonne manière de faire un premier tri parmi les solutions potentielles, ce n’est pas trop contraignant tant que c’est au tout début du processus. Même si les vendeurs ne se basent pas sur les niveaux 1, 2 et 3, cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas l'utiliser pour voir ce qui vous vous convient le mieux. Et si les éditeurs utilisent encore le classement en tiers, le fait que vous sachiez ce que cela signifie pour eux vous aidera à en savoir un peu plus sur le fournisseur et le type de produits qu’il a à vous offrir.

Le coût peut également être un facteur qui rend le concept de tier plus appréciable : certaines entreprises veulent la stabilité et l'assurance d'un tier 1 et sont disposées à en payer le prix pour bénéficier de ses services, alors que d’autres sont prêtes à donner leur chance à des éditeurs plus petits en raison du facteur coût ou pour des fonctionnalités spécifiques de niche.

Mais en général, sur le marché actuel des logiciels, les éditeurs n’aiment pas être cloisonnés dans des niveaux en tant que tiers et les entreprises qui cherchent des logiciels ne voudront pas limiter leurs choix aux éditeurs d'un certain niveau non plus. Mais il est toujours utile de savoir à quoi se réfère la terminologie et il est utile de savoir ce qu’est un fournisseur de solutions ERP de niveau 1 et en quoi consistent ses solutions.

Mais le meilleur conseil qu’on puisse vous donner c’est d’étudier de près tous les éditeurs et les solutions qui vous intéressent. En observant attentivement une solution vous pouvez découvrir des avantages et des obstacles dont vous ignoriez l’existence a priori, et ce, quel que soit le niveau auquel appartient la solution.

Jouer le jeu des tiers 1, 2 ou 3... ou pas ? Telle est la question

La sélection de logiciels est déjà une tâche compliquée en soi, même dans une situation idéale ; réfléchir en termes de tiers pour faire un choix (quel logiciel ? par où commencer ?) ne peut que compliquer la tâche.

Si vous envisagez une solution logicielle et que vous êtes déconcerté face aux différentes options proposées et leur adéquation avec les fonctionnalités que vous recherchez, il serait peut-être bon de consulter un spécialiste en logiciels ou un expert en sélection de logiciels intégrés. En obtenant de l'aide dès le début (en particulier pour ceux parmi vous qui achètent des logiciels pour la première fois), vous vous ferez une idée plus claire quant à la sélection des logiciels d'entreprise, et vous pourrez, en plus, être guidé dans vos premiers pas et recevoir des commentaires impartiaux, le cas échéant.