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La FoodTech, ou comment faire rimer alimentation et innovation

La FoodTech, ou comment faire rimer alimentation et innovation

Par Jennifer Montérémal

Mis à jour le 27 novembre 2020, publié initialement le 23 mars 2020

FoodTech… mais que se cache-t-il derrière ce mot alléchant ?

Nul ne peut ignorer le phénomène de taille qui s’amplifie depuis des années : les problématiques autour de ce que nous mangeons, et comment nous le mangeons, occupent désormais une place prédominante dans nos vies et soulèvent bien des questionnements.

Par conséquent, les enjeux relatifs à notre alimentation ont fait émerger de nouvelles initiatives, aussi bien à l’échelle sociétale qu’économique et technologique.

Il est donc normal dans un tel contexte, et particulièrement en France où la gastronomie revêt une importance toute particulière, de voir se développer un réseau de startups œuvrant dans le domaine alimentaire.

Mais qu’est-ce que la FoodTech exactement ? Quels sont les exemples de startups qui se sont illustrées dans ce secteur ? Et comment peut évoluer cet écosystème pour continuer à séduire les entrepreneurs, les investisseurs… et bien sûr les consommateurs ?

Arrêtons de saliver et entrons dans le vif du sujet.

Au menu :

Définition de la FoodTech

La FoodTech désigne l’ensemble des acteurs économiques associant l’innovation aux activités du domaine alimentaire dans sa globalité.

L’objectif de ces entreprises et autres jeunes pousses est de mettre les évolutions technologiques au service des enjeux actuels gravitant autour de l’alimentation.

Cependant la tâche n’est pas simple, tant le domaine doit faire face à des challenges toujours plus nombreux.

  • Comment manger mieux ?
  • De quelle manière revaloriser nos petits exploitants et les accompagner dans l’optimisation de leurs activités ?
  • Quels changements insuffler dans notre alimentation pour parvenir à nourrir une population mondiale à la croissance exponentielle ?

Parce que ces défis sont nombreux, la FoodTech a connu une réelle explosion ces dernières années. D’ailleurs, selon junto.fr :

Depuis 2013, près de 400 startups se sont créées dans la FoodTech française avec plus de 317 millions d’euros de levées de fonds.

☝️ La FoodTech demeure un domaine particulièrement en vue dans l’écosystème innovant français. C’est pourquoi, en 2016, a été lancé par la French Tech le réseau thématique FoodTech français, réparti en 5 pôles :

  • FoodTech Brest,
  • FoodTech Dijon,
  • FoodTech Lyon,
  • FoodTech Montpellier,
  • FoodTech Rennes/Saint-Malo.

L’objectif du programme est d’accompagner les acteurs concernés, de la startup aux grands groupes en passant par les PME, dans le développement de leur activité et dans l’accélération de leur croissance.

Écosystème de la FoodTech

Principalement l’apanage des startups, la FoodTech regroupe l’ensemble des missions liées à la chaîne de l’alimentation, de la production au consommateur final, en passant par la transformation et la distribution.

Par conséquent, son champ d’intervention est traditionnellement divisé en 6 domaines.

AgTech

Les entreprises et jeunes pousses de l’AgTech utilisent les innovations technologiques et numériques pour soutenir directement l’agriculture.

Elles œuvrent ainsi à améliorer la production, tant au niveau du rendement que de la qualité.

Les activités de l’AgTech portent, par exemple, sur :

  • l’utilisation de drones et de robots pour soulager les agriculteurs des tâches manuelles ;
  • le développement de logiciels de gestion agricole afin d’accompagner les exploitants dans la rationalisation de leurs activités ;
  • la réflexion et la mise en place de fermes urbaines, etc.

Exemple de startup AgTech

La startup Ekylibre, fondée en 2014, a développé un système d’information permettant de gérer de manière optimale une exploitation agricole. L’objectif ? Faire gagner du temps aux agriculteurs dans leurs activités quotidiennes au moyen d’un large panel de fonctionnalités. Gestion de la production végétale, des ventes ou encore des clients et des fournisseurs… Ekylibre a déjà séduit plusieurs centaines d’exploitants.

© Pixabay/dengmo

FoodScience

Les acteurs de la FoodScience interviennent directement au niveau de l’aliment en lui-même, ainsi que du matériel destiné à sa préparation.

Dans la perspective de répondre aux enjeux écologiques et sanitaires actuels, la FoodScience propose diverses alternatives : 

  • les aliments du futur, en rupture avec notre alimentation traditionnelle (insectes par exemple) ;
  • la création de substituts de repas destinés à répondre aux besoins nutritionnels humains, etc.

Exemple de startup FoodScience

Ÿnsect s’avère sans doute un des plus importants représentants de la FoodScience française. La jeune pousse s’est d’ailleurs illustrée en intégrant le programme d’accélération de croissance Next 40 et en obtenant le prix Tech4Good, notamment pour ses actions dans le développement durable.

Mais quelle est la proposition de valeur d’Ÿnsect ?

Répondre, sur le long terme, à la demande croissante en matière de protéines. Pour ce faire, cette société fabrique des aliments à base d’insectes destinés à l’aquaculture et à l’alimentation des animaux de compagnie.

FoodService

Le FoodService s’intéresse au milieu de la restauration en lui-même. Le but de ces entreprises est d’améliorer à la fois la qualité de service pour le consommateur de plus en plus exigeant et connecté, mais aussi de proposer des offres B2B pour accompagner les restaurateurs dans l’exercice de leur métier.

Citons, par exemple, les initiatives suivantes :

  • les plateformes de réservation en ligne développées pour faciliter le choix et les démarches pour les clients, et proposer en parallèle des offres commerciales ;
  • les logiciels assistant les restaurateurs dans le pilotage des différentes activités de leur établissement ;
  • les services de chefs à domicile adressés aux particuliers et/ou aux entreprises, etc.

Exemple de startup de FoodService

La startup innovante Too Good to Go fait parler d’elle depuis quelque temps. Et pour cause, son offre permet aux restaurateurs de lutter plus facilement contre le gaspillage et les déchets alimentaires.

Pour cela il leur suffit de créer, puis de vendre aux consommateurs inscrits sur l’application un panier surprise contenant leurs invendus encore consommables. Ainsi, les restaurateurs transforment leurs pertes en gains et font un geste en faveur de l’écologie et de la responsabilisation alimentaire.

© Pixabay/Free-Photos

Coaching

Dans un contexte où manger mieux est devenu une préoccupation majeure pour nombre d’individus, certains acteurs innovants de la FoodTech ont fait le pari d’accompagner le consommateur dans la mise en place de sa routine alimentaire et dans l’atteinte de ses objectifs personnels.

Les missions de ces entreprises de coaching alimentaire tournent par exemple autour de :

  • la nutrigénomique, dont l’objectif est d’améliorer l’alimentation d’un individu en corrélant les aliments avec son génotype ;
  • la proposition de recettes adaptées aux habitudes de consommation et aux modes de vie pour redonner le goût de cuisiner, etc.

Exemple de startup de coaching

La startup française Jow assiste depuis 2018 les consommateurs dans l’élaboration de leurs menus de la semaine et dans la gestion de leurs courses.

Concrètement, l’application propose des recettes en adéquation avec les goûts, les habitudes alimentaires et la composition du foyer de l’utilisateur, puis ajoute les ingrédients nécessaires à son panier. Il ne reste plus qu’à retirer les courses dans un magasin, ou à les faire livrer directement à domicile.

Exemple de l’interface de Jow/© Food Geek & Love

Delivery

Il s’agit d’un des secteurs qui s’est le plus illustré dans la course à la FoodTech, en réinventant le service de livraison de repas.

Parmi les activités liées à la Delivery, mentionnons :

  • la livraison de repas en provenance de restaurants, qui a élargi ces dernières années son périmètre de services en proposant tout type de spécialités ;
  • les services de livraison de box repas, avec des thématiques variées telles que le thé, les produits du monde, le fromage, etc. ;
  • les marketplaces proposant de nouveaux services pour se détacher des modes de consommations habituels, comme la vente en direct depuis le producteur local, etc.

Exemple de startup de Delivery

Frichti est l’autre startup de la FoodTech ayant rejoint, avec Ÿnsect, le programme du Next 40.

La jeune entreprise s’est distinguée en associant Delivery et bien-être alimentaire, tant au niveau de la qualité des ingrédients que du goût. Comment ? En proposant une livraison écologique de produits frais, faits maison, et en travaillant en lien avec des producteurs locaux.

Retail

Le secteur du Retail dans la FoodTech tend surtout à moderniser les pratiques de la distribution alimentaire, en agissant par exemple :

  • sur la mise en place d’actions marketing plus en accord avec les évolutions des attentes des consommateurs, et leur parcours client davantage omnicanal ;
  • sur l’optimisation des procédés de la supply chain, ou chaîne d’approvisionnement, afin d’accroître la productivité et la compétitivité des entreprises.

Exemple de startup Retail

Imaleo a développé une solution logicielle modulaire pour améliorer les flux de travaux des acteurs de l’agroalimentaire en circuits courts.

Grâce à l’utilisation de cet outil tous les workflows, du producteur au Hub logistique en passant par les acheteurs, sont fluidifiés et rationalisés.

Actualités de la FoodTech

Les tendances de la FoodTech

Face à tous ces exemples inspirants de startups innovantes, on ne peut que se réjouir et croire en le futur de la FoodTech. Les chiffres parlent, par ailleurs, d’eux-mêmes :

Les entreprises de la FoodTech ont levé 20 milliards de dollars en 2019 au niveau mondial.

rapport d’AgFunder

Néanmoins ces données sont à relativiser. D’ailleurs le montant des levées de fond cité ci-dessus est 5 % inférieur à celui de l’année 2018.

Car au pays de la FoodTech subsistent de nombreuses disparités. Il y a les secteurs qui s’en sortent… et ceux un peu moins.

Parmi les domaines qui tirent en ce moment leur épingle du jeu, citons celui du substitut à la viande, comme le démontrent les belles success stories des startups Beyond Meat ou encore Impossible Foods.

L'entrepreneuriat lié à la nouvelle agriculture, ou encore l’agriculture urbaine est également en plein essor. La société allemande InFarm, par exemple, a levé 134 millions de dollars en 2019. Elle est par ailleurs déjà associée à un certain nombre de grandes enseignes, à l’instar d’Intermarché ou Metro, pour développer son concept de fermes verticales, démontrant ainsi une tendance de fond : rapprocher la production alimentaire des lieux d’habitation reste un secteur à exploiter !

© Pixabay/wiselywoven

Des secteurs en perte vitesse

Si les substituts à la viande et l’agriculture urbaine restent porteurs de promesses, d’autres peinent à émerger ou tendent à s'essouffler.

Tel est le cas, par exemple, de la livraison à domicile, qui a vu il y a quelques années son offre se multiplier. Mais face à une pression concurrentielle de plus en plus importante et au coût élevé lié au déploiement des services, de la logistique et du marketing, le business model de la Delivery peine à trouver sa rentabilité. Au final, seuls les géants qui sont parvenus à supporter la course à la levée de fonds et au développement ont su tirer leur épingle du jeu… au détriment de sociétés telles que Foodora ou Take Eat Easy.

Quelles évolutions pour la FoodTech ?

Il reste bien des défis à relever pour les startups de la Tech alimentaire.

Évidemment les enjeux économiques demeurent importants, notamment pour la France.

Les entreprises françaises ont du mal à passer du stade de projet à celui de l’industrialisation. Il y a un vrai manque de collaboration entre les startups et les industriels, ce qui ralentit fortement l’innovation dans ce secteur.

junto.fr

D’ailleurs, les montants investis dans la FoodTech française n'atteignent pas, en 2019, ceux levés par d’autres géants européens comme Delivery Hero, Hello Fresh et Deliveroo.

Mais si la FoodTech française a encore du chemin à faire, particulièrement au niveau du développement international, rappelons que certaines startups de l’Hexagone se sont distinguées, notamment dans le cadre du Next 40. En effet, les lauréats Ÿnsect et Frichti bénéficient désormais d’un programme accélérateur de croissance en qualité d’entreprises à fort potentiel.

Par ailleurs, les nouveaux enjeux liés à l’alimentation ne sont pas qu’économiques. Ils se révèlent de plus en plus orientés vers la consommation éthique et la mise en place de nouveaux circuits et écosystèmes, comme en témoignent les succès des substituts à la viande ou des fermes verticales. Le consommateur cherche donc plus que jamais à manger mieux, veut qu’on réponde à ses exigences en matière de traçabilité, de proximité avec les lieux de culture des produits, de régime végétarien, etc.

Il reste donc nombre d’opportunités business à saisir dans le secteur de la FoodTech, pour innover, réinventer notre alimentation et inscrire durablement ces changements dans nos quotidiens.

Jennifer Montérémal

Jennifer Montérémal, Editorial Manager, Appvizer

Actuellement Editorial Manager, Jennifer Montérémal a rejoint la team Appvizer en 2019. Depuis, elle met au service de l’entreprise son expertise en rédaction web, en copywriting ainsi qu’en optimisation SEO, avec en ligne de mire la satisfaction de ses lecteurs 😀 !

Médiéviste de formation, Jennifer a quelque peu délaissé les châteaux forts et autres manuscrits pour se découvrir une passion pour le marketing de contenu. Elle a retiré de ses études les compétences attendues d’une bonne copywriter : compréhension et analyse du sujet, restitution de l’information, avec une vraie maîtrise de la plume (sans systématiquement recourir à une certaine IA 🤫).

Une anecdote sur Jennifer ? Elle s’est distinguée chez Appvizer par ses aptitudes en karaoké et sa connaissance sans limites des nanars musicaux 🎤.