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Dossier souveraineté numérique

Dossier souveraineté numérique

Par Jennifer Montérémal

Mis à jour le 30 novembre 2020, publié initialement le 16 novembre 2020

Né dans les années 2000, le concept de souveraineté numérique fait de plus en plus d’émules en cette période troublée de crise sanitaire et économique.

Le contrôle des ressources internet est devenu, avec la hausse exponentielle de l’utilisation des outils numériques, une question stratégique. La volonté de limiter l’hégémonie américaine sur la gestion du réseau s’est intensifiée au fur et à mesure des années. La Chine, l’Inde et la Russie ont été les premiers états à lancer des politiques industrielles dédiées à cette lutte, suivies de près par de nombreux pays, comme le Brésil, et, dans une certaine mesure la France également.

Dans le cadre d’un dossier spécial sur la souveraineté numérique, Appvizer donne la parole à de nombreux experts.

Quelle est la définition du concept de souveraineté numérique et quels sont les enjeux associés ?

Quels axes de travail et d’améliorations faut-il envisager pour favoriser nos solutions et ainsi participer à l’essor économique français et européen ?

Autant de questions, et bien d’autres, qui sont abordées dans ce dossier.

L'éditorial ci-dessous se veut être une synthèse reflétant les propos et positions personnelles des contributeurs experts, à l'origine de ce dossier, tous externes à la Rédaction d'Appvizer.

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De la prise de conscience…

En France, il faut attendre 2009 et la Ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, pour que l’État s’empare du sujet en annonçant vouloir « garantir la souveraineté numérique » et « étendre à l’espace numérique le champ de l'État de droit ».

Et ce n’est qu’en 2013 que l’Union européenne commence à s’intéresser au développement de moteurs de recherche ou de systèmes d’exploitation dits « souverains »…

S’il n’y a pas, à ce jour, en France de définition officielle de la souveraineté numérique, le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la souveraineté numérique la détermine, en 2019, comme étant « la capacité de l’État à agir dans le cyberespace », ce qui est une « condition nécessaire à la préservation de nos valeurs » impliquant, d’une part, « une capacité autonome d’appréciation, de décision et d’action dans le cyberespace » et, d’autre part, la maîtrise de « nos réseaux, nos communications électroniques et nos données ». Beaucoup de mots donc, mais peu d’actions…

… à la nécessité d’actions coordonnées

Certains lobbies, comme l'associaiton France Digitale, se mobilisent sur le sujet, mais nous manquons, aujourd’hui plus que jamais d’actions coordonnées.

En premier lieu à l’initiative de l’État, à qui il appartient de montrer l’exemple d’une consommation numérique locale en pratiquant une certaine forme de protectionnisme modéré. Ses organisations - donc nos institutions tels que ministères, administrations, collectivités territoriales, etc. - devraient, pour être en accord avec la volonté gouvernementale affichée, être dans l’obligation de considérer avant toutes autres des solutions locales (françaises ou européennes).

Les marchés publics doivent davantage s’orienter vers des solutions nationales, afin de faire valoir le Made in France technologique au même titre que le Made in France industriel. Il en va de la relance de notre économie, mais aussi de notre souveraineté numérique.

Frédéric Mazella, fondateur et président de BlaBlaCar

Mais la responsabilité ne saurait revenir qu’à l'exécutif.

Le privé et les chefs d’entreprises en premier rang ont tout autant de leviers à actionner pour mettre en avant nos outils nationaux et/ou communautaires. Une véritable souveraineté numérique passera en effet par des investissements majeurs. Ce n'est qu’ainsi que nous pourrons rivaliser à grande échelle avec nos compétiteurs issus d’autres continents. Il faut plus d’argent donc, mais également en faire une meilleure utilisation. Si nous sommes aujourd’hui très forts pour développer l’offre, nous le sommes beaucoup moins pour générer de la demande. Il est donc essentiel d’axer une partie importante des investissements vers du marketing, de la communication pour, à la fois, intéresser en interne, mais également partir à la conquête d’autres marchés.

Des solutions souveraines qui n’ont pas à rougir

Le problème réside donc pour beaucoup dans un manque de communication et de mise en avant.

D’un point de vue technique, ainsi que tarifaire, nos solutions sont tout à fait pertinentes. L’Europe, et particulièrement la France, sont même en pointe sur les domaines de la cybersécurité, de l’IA et de l’exploitation des données en général. Les compétences dont nous regorgeons à l’intérieur de nos frontières, nos talents, sont largement au niveau de leurs homologues américains ou chinois, avec notamment des cursus de formation des ingénieurs IT très reconnus.

La France est une terre de cybersécurité. Elle compte un certain nombre d’acteurs performants dans le domaine, avec pour différenciation la pleine conscience de l’importance de la protection des données.

Jean-Noël de Galzain, président d’HEXATRUST

D’autre part, ces outils Made in Europe ou Made in France sont bien plus sûrs en termes de protection des données. Il faut rappeler que les sociétés américaines, et même leurs antennes hébergées sur nos territoires, sont soumises au Patriot Act avant de devoir répondre au RGPD…

C’est eux avant nous. Faisons pareil, nous en sortirons grandis, « nous avant eux ».

Appvizer remercie tous les experts et auteurs qui ont participé à ce dossier :

  • Diane Abrantes, legal advisor et DPO chez Yousign,
  • Thomas Binant, cofondateur et CEO de Geotrend,
  • Bruno Catteau, CTO de Lucca,
  • Stéphane Couleaud, fondateur et président de Webmecanik Automation,
  • Fabrizio Delage et Pierre Poullain, fondateurs de Valeur-Tech,
  • Fabien Ducoudray, cofondateur et COO d’Assemblée. io,
  • François Esnol-Feugeas, fondateur et président de FIRST,
  • David Galiana, directeur marketing chez Wimi,
  • Jean-Noël de Galzain, président d’HEXATRUST,
  • Yves Garagnon, président-directeur général de DiliTrust,
  • Grégoire Hanquier, directeur juridique, conformité et affaires publiques chez Data Legal Drive,
  • Giuliano Ippoliti, directeur d’agence et RSSI chez Cloud Temple,
  • Erwan Knittel, cofondateur de Gladys,
  • Gervais Lesage, consultant en innovations numériques et énergétiques des territoires,
  • Quentin Leymarie, responsable marketing chez Axonaut,
  • Guillaume Louvel, fondateur de l’agence Akelio,
  • Clément Marche, COO chez Crosscut,
  • Emmanuel Mawet, auteur du blog Effisyn S.D.S,
  • Frédéric Mazella, fondateur et président de BlaBlaCar,
  • Tristan Nitot, auteur, entrepreneur et «hacktiviste»,
  • Guillaume Nominé, président fondateur d'Atolia,
  • Julien Pasquier, fondateur de Lex Persona,
  • Cédric Pierrard, CEO d’Efficy,
  • Pierre Rangdet, directeur des opérations chez LockSelf,
  • Raphaël Richard, formateur en Intelligence Artificielle,
  • Aurore Rimbod, rédactrice social-paie,
  • Sandra Seychelles, cofondatrice d’Atoo Next,
  • Anne Tessier-Chênebeau, directrice générale adjointe de Synertrade.
Jennifer Montérémal

Jennifer Montérémal, Editorial Manager, Appvizer

Actuellement Editorial Manager, Jennifer Montérémal a rejoint la team Appvizer en 2019. Depuis, elle met au service de l’entreprise son expertise en rédaction web, en copywriting ainsi qu’en optimisation SEO, avec en ligne de mire la satisfaction de ses lecteurs 😀 !

Médiéviste de formation, Jennifer a quelque peu délaissé les châteaux forts et autres manuscrits pour se découvrir une passion pour le marketing de contenu. Elle a retiré de ses études les compétences attendues d’une bonne copywriter : compréhension et analyse du sujet, restitution de l’information, avec une vraie maîtrise de la plume (sans systématiquement recourir à une certaine IA 🤫).

Une anecdote sur Jennifer ? Elle s’est distinguée chez Appvizer par ses aptitudes en karaoké et sa connaissance sans limites des nanars musicaux 🎤.